Comment repenser la liberté et son écosystème?
Par la raison, l'esprit critique et la conscience nous est donnée, la capacité d’agir sur nous-même pour nous transformer - c'est à dire de prendre connaissance de nos états cérébraux (son vécu, sa mémoire), de nos actes (les habitudes et le comportement) et des valeurs morales (le bien ou le mal).
La raison, la conscience et l'esprit critique font-ils donc les différences fondamentales entre l'homme et l'animal? Oui, c'est certainement cela et pour cause !
Le comportement d'un animal est en fait dicté par son instinct, de sorte que l'animal ne peut pas s'empêcher d'agir comme il agit.
L'instinct commande, l'animal obéit : loin d'être le modèle de la liberté, l'animal est l'incarnation d'une totale servitude à la nature. On ne peut parler de liberté que pour un être qui s'est affranchi du déterminisme naturel.
Pour être libre, il faut pouvoir choisir de faire ou de ne pas faire. Seul donc un être qui s'est débarrassé de la tyrannie des instincts peut remplir les conditions minimales de l'accès à la liberté.
La raison, l'esprit critique et la conscience individuelle restent- t-ils une œuvre humaine et donc perfectible? Oui, c'est à peu près cela et pour cause !
Michel Montaigne (1533 - 1592) pensait qu'au lieu d'encombrer la mémoire de l'individu (système limbique ou cerveau de la mémoire) - il vaut mieux élever sa raison, éveiller son esprit (l'esprit critique), sa conscience et sa personnalité (cognitif ou raisonnable et conscient, affectif ou subconscient et social ou inconscient).
L'esprit critique aiguise la raison, la conscience et l'intelligence. Celui qui ne critique pas ou qui ne tolère pas à son encontre la critique n'évoluera pas et n'avancera jamais.
Par exemple, en Afrique noire - dès lors que l'on émet une pensée critique, on n'est plus le bienvenu. "Tu es avec nous, si tu nous critiques, tu n'es plus avec nous." C'est comme si les amis de nos amis seraient forcement nos amis ou plutôt les amis de nos ennemis seraient forcement nos ennemis. Ce n'est pas un peu réducteur comme état d'esprit non?
En d'autres termes, c'est comme si l'avocat de la défense ou de la partie civile serait forcement approbateur des faits reprochés à ses clients.
A l'échelle politique ou socioéconomique africaine - cet état d'esprit d'un autre temps a conduit beaucoup d'africains à subir des châtiments, des emprisonnements, des crimes de masse et des assassinats politiques.
Emmanuel Kant soutient que c'est précisément là le rôle de l'éducation : elle a pour but premier de discipliner les instincts, c'est-à-dire de les réduire au silence pour que l'homme ne se contente pas d'obéir à ce que sa nature commande.
S'il suffisait d'obéir aux lois pour être libre, alors les sujets d'une tyrannie connaîtraient la liberté.
Élever la raison et éveiller l'esprit critique dès le jeune âge permettra à l'individu de devenir lui-même, et, une fois adulte, de pouvoir critiquer sa famille et son environnement, seul signe de la raison, de la conscience individuelle et de l'appartenance à l'écosystème sociétal.
Si tu permets à l'autre de te critiquer, tu pourras le critiquer à ton tour, rendra donc possible un dialogue sur un mode apaisé, respectueux de l'autre, égalitaire et constructif.
Pour Jean-Jacques Rousseau, la seule solution à ce problème à la fois politique et moral, c'est que je sois aussi l'auteur de la loi à laquelle je me soumets.
René Descartes dit "je pense donc je suis" et j'ajouterais que "je suis un être humain". Or, pour douter, il faut penser. Donc, si je doute, je pense, et si je pense, je suis.
Je pense donc je suis : le cogito !
Cette citation sur la pensée est extraite du Discours de la Méthode, oeuvre-phare de la philosophie de René Descartes, dans laquelle il relate sa vie et la manière dont il a pu s’appuyer sur la certitude de son existence afin de fonder une nouvelle métaphysique de la pensée ou plutôt une dialectique nouvelle sur l'esprit critique.
On a cependant 15 siècles d'idéal philosophie et de conscience métaphysique, dogmatique, misogyne, phallocrate, réfractaire et conformiste - c'est à dire d'invitation individuelle ou collective à refuser le doute, l'esprit critique et toute forme de pensée transgressive.
On voit bien ce que cela donne aujourd'hui comme philosophie et conscience réfractaire, régressive, liberticide, dictatoriale (dictateur, dictature), démocraturiale (condensation pseudo démocratie + dictature) et sacrale (dogme, dieu, métaphysique, un point c'est tout - c'est une autre forme de dictature sacrale ou plutôt de choc de l'esprit critique et puis la violence, la barbarie, le processus dé-civilisation).
Si je doute, je pense, et si je pense, je suis donc un esprit libre - c'est ça être un être libre, éduqué et civilisé.
D'ailleurs en 1795, dans "Esquisse d'un tableau des progrès de l'esprit humain" de Condorcet, l'idée de civilisation désigne les progrès accomplis par l'individu dans une nation donnée.
Il fut possible de passer de la barbarie, à l'état de droit, de citoyen, de civil ou de civilisé, quel que soit le droit positif en vigueur ou les autres facteurs locaux tels que la tribu, l'ethnie, la nationalité ou la religion.
On ne peut parler d'êtres humains si l'on n'est dans les fondements de ces 3 critères : la raison, l'esprit critique et la conscience individuelle. Or pour critiquer, il faut être raisonnable!
Pour accepter la critique, il faut être conscient. Donc, on peut parler de civil, de citoyen ou de civilisé que pour un être qui s'est affranchi de la tyrannie des instincts animaux.
Oui, l'inégalité entre couches sociales, traditions, cultures, sociétés et civilisations n'est pas fondée sur la nature - elle réside dans l'éducation ou l'information qu'on donne à l'individu ou plutôt dans celle qu'on lui refuse. Ceci est un cas de prise de conscience universelle au niveau philosophique, politique, économique, social, culturel, environnemental et sociétal à l'échelle africaine !
Publié par Isidore AYA TONGA, Intellectuel, Philosophe et scientifique environnementaliste !
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